Etat des lieux des infrastructures agroécologiques
Qu’est-ce qu’une infrastructure agroécologique ?
Les infrastructures agroécologiques (IAE) sont des milieux semi-naturels d’un agrosystème. Elles sont spontanées ou créées par l’humain et ne reçoivent ni engrais, ni pesticides. Elles font partie de l’espace agricole et sont gérées selon un minimum d’intervention humaine. Haies, lisières, vergers de plein vent, bosquets, prairies naturelles et bandes herbeuses non fertilisées, jachères florales, fossés, mares et même murets de pierre sont des IAE.
Pourquoi les mettre en place sur une parcelle ?
Un des premiers services rendus par les IAE est de favoriser la présence d’auxiliaires de culture dans la parcelle. La présence d’espaces naturels exempt de produits phytopharmaceutiques attire prédateurs, parasitoïdes et pollinisateurs. Les auxiliaires de culture sont utilisés en protection intégrée pour raisonner l’utilisation de produits phytopharmaceutiques.
Grâce à leur système racinaire, les IAE peuvent restaurer les fonctions d’un sol appauvri : régulation du régime hydrique, filtration des polluants, lutte contre l’érosion des sols, augmentation du stockage de carbone dans le sol etc.
Les IAE de type arboré servent à valoriser les ressources renouvelables non délocalisables comme les haies ou les forêts situés en milieu de parcelle. Le bois peut être exploité sous la forme de bois de chauffe ou de bois d’œuvre selon les essences d’arbre.
Les corridors écologiques constitués par certaines IAE servent de voies de déplacement à de nombreuses espèces animales. Favoriser le brassage génétique d’un territoire à un autre augmente le métissage des espèces qui s’adaptent plus facilement au changement de leur environnement (changement climatique par exemple).
D’un point général, les IAE complexifient la structure des agrosystèmes et les réseaux trophiques sur les parcelles ce qui améliore la résilience des agrosystèmes. Augmenter la résilience d’un agrosystème signifie qu’il se remettra plus rapidement d’une perturbation climatique ou anthropique.
Quels rôles des infrastructures agroecologiques dans la protection des cultures ?
Les IAE peuvent avoir pour fonction de favoriser la présence d’auxiliaires de culture. Ils peuvent, par exemple, servir d’habitat aux auxiliaires de culture : nidification des auxiliaires de culture, refuge pour les prédateurs et parasitoïdes, recolonisation des parcelles par les bio régulateurs.
Certains donnent accès à des ressources nutritives aux auxiliaires en maintenant une flore offrant du nectar ou en étant des réservoirs de proies pour réguler les populations de ravageurs.
Enfin, les IAE servent souvent de voies de déplacement aux auxiliaires notamment pour les formations arborées. Ils facilitent ainsi la dispersion des auxiliaires jusqu’aux parcelles agricoles.
Comment les mettre en place UNE IAE ?
Quelles infrastructures agroécologiques mettre en place sur sa parcelle ? Plusieurs facteurs à considérer :
§ Quel est l’effet désiré de l’IAE à sa mise en place : diminuer l’utilisation de produits phytopharmaceutiques, limiter la prise du vent, enrichir son sol ou favoriser la présence de pollinisateurs ne demandera pas les mêmes types d’IAE.
§ La production agricole en place : grandes cultures, maraîchage, arboriculture fruitière, viticulture, exploitation forestière … Les cultures influencent le type d’IAE que l’on peut mettre en place (exemple : en arboriculture, la strate arborée est déjà remplie, on va donc plutôt compléter la strate herbacée avec des bandes enherbées, bandes fleuries, prairie pour faire de l’agroforesterie).
§ L’environnement de la parcelle : des IAE sont-elles déjà en place ? La parcelle comporte-t-elle des zones protégées ? Comment intégrer les IAE aux habitations voisines (s’il y en a) et au relief ?
Les possibilités d’usage et d’installation d’IAE sont infinies et ne dépendent que de votre imagination ! Une bonne utilisation des IAE demandent cependant des connaissances sur les processus biologiques (cycle reproduction des auxiliaires, relations proies/prédateurs, nutrition des auxiliaires etc.) pour mieux maitriser les externalités positives qu’elles peuvent offrir !
Une série sur les différentes IAE existantes sortira ses prochaines semaines pour détailler les différents types. N’hésitez pas à partager les infrastructures agroécologiques que vous avez déjà installé sur vos parcelles ! L’échange et la diffusion de pratiques est primordiale pour innover en agriculture.
Sources :
Fiches « Connaitre la biodiversité utile à l’agriculture pour raisonner ses pratiques » du projet SEBIOREF de l’INRA Toulouse et la Chambre d’Agriculture de l’Occitanie