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La Pluriactivité Dans Le Monde Agricole

La pluriactivité dans le monde agricole

La pratique d’activités en parallèle ou dans le prolongement de l’acte de production (diversification), ou la pratique d’activités professionnelles non agricoles réalisées en dehors de l’exploitation (pluriactivité) a toujours été présente dans la société rurale, et étaient même assez développées à la fin du XIXe siècle et au début XXe siècle. Cependant, ces tendances semblent devenir de plus en plus importantes, conduisant à une reconfiguration des activités des agriculteurs.

Dès lors qu’un chef d’exploitation ou d’entreprise agricole  exerce une autre activité professionnelle, salariée ou indépendante en plus de l’activité d’agriculteur, celui-ci est considéré comme pluriactif. Ainsi, l’agriculteur qui utilise son matériel pour effectuer des travaux pour des tiers sera représenté en tant que mono-actif dans les statistiques, tandis que le chef d’une exploitation agricole qui est également le chef d’entreprise de travaux agricoles apparaîtra comme un pluriactif. Les travailleurs pluriactifs sont désormais affiliés à un régime de protection sociale unique : par défaut, le régime social de leur activité la plus ancienne.

Qui sont les pluriactifs et quelles sont leurs motivations ?

La pluriactivité des chefs d’exploitation résulte d’un choix professionnel réfléchi au sein même des exploitations agricoles. La plupart des agriculteurs exerçant plusieurs activités le font principalement pour des raisons financières. Étant donné les écarts de richesse entre petites et grandes exploitations de nos jours, tout revenu complémentaire à l’activité principale est non négligeable, voire dans certains cas indispensable. Certains considèrent cela comme une alternative efficace permettant de lutter contre la fragilité économique. Cependant, très peu d’organismes ou de structures agissent dans le sens de la diversification des activités, que ce soit en terme d’aide ou d’accompagnement aux projets.

Afin de mieux visualiser le phénomène, on considère qu’environ un chef d’exploitation sur 4 est aujourd’hui pluriactif en France. De plus, la pratique d’une activité extérieure exclusive reste essentiellement le fait du conjoint (34 % des cas pour les petites exploitations et 47 % des cas pour les moyennes ou grandes). On parle alors de « pluriactivité du ménage » ou de « pluriactivité domestique ». Aujourd’hui, le taux de pluriactivité actuel est plutôt stationnaire. En 2019, 34,9 % des installés (jeunes ou tardifs) se déclarent pluriactifs, taux quasi identique à l’année précédente. Parmi les installés de 40 ans et moins, le taux de pluriactivité est en légère baisse même s’il reste à 35,2% chez les hommes et à 31,5% chez les femmes. Les hommes pluriactifs installés de plus de 40 ans représentent 30,5 % lorsqu’il y a transfert entre époux (reprise d’exploitation) et 38,9% hors transfert. Lorsqu’il y a un transfert, le taux de pluriactivité féminin augmente (34,1 % en 2019 contre 31,7 % en 2018). Pour les femmes de plus de 40 ans et en l’absence d’une succession du conjoint, la pluriactivité augmente également pour atteindre 37,9 % en 2019.

La diversification des exploitations agricoles renvoie à la pratique d’activités non agricoles sur l’exploitation : agritourisme, travaux pour tiers, vente directe, y compris la transformation de produits de la ferme. La taille de l’exploitation semble conditionner en partie le type d’activité de diversification. Ainsi, les travaux à façon et la sous-traitance sont par exemple plus fréquents sur les exploitations de grande dimension. Il apparaît donc que la diversification se traduit par l’utilisation d’une main-d’œuvre plus importante, d’autant plus si l’activité de diversification consiste à commercialiser tout ou une partie de la production. Par ailleurs, entre les zones de montagne et les zones de plaine, les écarts de revenus se creusent années après années. Ainsi les chefs de petites exploitations  en zone montagneuse sont plus souvent pluriactifs que sur les autres types d’exploitation.

Ces évolutions structurantes, à l’œuvre simultanément, participent alors à la reconfiguration de l’agriculture française et des activités de ceux qui la pratiquent.

La pluriactivité selon les exploitations agricoles 

Depuis 1979, les exploitations agricoles sont recensées grâce aux OTEX (Orientation Technico-Économiques des Exploitations).

Répartition pluriactivité par OTEX en 2010

La part des chefs d’exploitations pluriactifs par OTEX dégage les grandes tendances de la pluriactivité dans le milieu agricole. En effet, dans les petites exploitations, la fréquence de la pluriactivité est nettement moins élevée dans les exploitations spécialisées en horticulture, maraîchage et élevages porcins. Ce résultat peut être mis en relation avec la forte intensité en travail des productions concernées, ce qui laisse peu de place à la possibilité d’une double activité. Ceci est confirmé par la fréquence de pluriactivité du chef d’exploitation plus élevée pour les OTEX « céréales et oléo-protéagineux » et « autres herbivores », cette dernière regroupant essentiellement les élevages de chevaux.

Ainsi, les systèmes demandant une main d’œuvre importante tels que les systèmes laitiers ou le maraîchage présentent la pluriactivité la plus faible, mais néanmoins présente, tandis que les chefs d’exploitations en grande culture, viticulture, microélevages ou spécialisés dans la production de viande sont plus pluriactifs. Cette tendance est notable lorsque l’on s’intéresse à la répartition des pluriactifs selon leurs familles de systèmes : les élevages spécialisés en bovins viande représentent 17% de l’ensemble des pluriactifs.

On constate alors que la grande partie des pluriactifs provient de productions avec une intensité de travail plus faible que les productions maraîchères, horticoles ou porcines par exemple. C’est notamment le cas pour les chefs d’exploitations de grandes cultures, d’oléo-protéagineux et d’herbivores, dans lesquelles il y’a des périodes plus creuses permettant d’exercer une autre activité.

 

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