Gérer sa ferme à distance
Les agriculteurs d’aujourd’hui le savent bien, il ne suffit plus de cultiver la terre et d’élever des animaux pour bien vivre de son métier. Il faut pouvoir et savoir gérer de multiples tâches car une exploitation est un ensemble complexe. Les journées (soirée comprise parfois) sont bien remplies : mécanique, comptabilité, gestion, culture, élevage ou encore commercialisation…, il est parfois difficile de se consacrer pleinement à toutes ces activités liées à l’agriculture. La tâche est encore plus ardue lorsque le ou la chef d’exploitation n’est pas physiquement sur l’exploitation.
Heureusement, il existe désormais plusieurs manières de gérer sa ferme à distance. Entre prestataires de services et outils technologiques, voici comment piloter et gérer son exploitation sans y être.
La délégation de travaux agricoles
Pour les exploitants agricoles, il est de plus en plus courant de confier un certain nombre de ses tâches à des entreprises de travaux agricoles (ETA). On parle alors de délégation de travaux agricoles. Cela signifie qu’une entreprise spécialisée offre un service, en tant que sous-traitants, à une exploitation lui demandant de s’occuper d’une partie ou de l’ensemble de ses travaux agricoles.
La récolte représente l’activité la plus répandue en termes de délégation de travaux agricoles. Pour vous donner un autre exemple, prenons l’interview réalisée par Agrifind d’Anne-Laure Durand, agricultrice en grandes cultures, qui nous expliquait comment elle avait réussi à déléguer une partie de son travail à des agriculteurs prestataires de services. En étant à une centaine de kilomètres de distance de son exploitation, elle a trouvé un moyen de déléguer certaines tâches notamment tout ce qui était météo-sensible. Avec une bonne organisation et assez d’anticipation, elle pouvait prévenir suffisamment en amont ses prestataires de services pour réaliser le traitement de ses cultures. Le tout est de savoir s’entourer de personnes réactives par rapport à ses demandes et de faire preuve de souplesse puisque, évidement, quand on n’est pas sur place on ne fait pas forcément les choses à la perfection.
Les avantages de passer par un prestataire
Cela permet d’éviter les investissements en matériel trop conséquents. Étant donné le coût d’achat des machines, sous-traiter permet de s’affranchir de cet achat de matériel et de tous les coûts associés : carburant, entretien, réparation, réglages. La sous-traitance représente par conséquent une réelle opportunité, notamment pour les jeunes agriculteurs venant de s’installer puisque cela leur permet de limiter leurs besoins en capitaux et de réaliser des économies non négligeables.
Logiquement, en confiant certaines tâches à une ETA, un agriculteur pourra consacrer davantage de son temps à d’autres activités, qu’elles soient professionnelles ou personnelles. Ce gain de temps généré est une vraie aubaine pour certains agriculteurs cherchant à valoriser leur exploitation de différentes manières. Déléguer permet par exemple de passer moins de temps sur le tracteur et de choisir de se focaliser sur des tâches à plus fortes valeur ajoutée.
De plus, la plupart des ETA exerçant correctement disposent de matériel et d’outils de qualité, utilisant les dernières technologies du secteur agricole, ce qui améliore la qualité et les délais des travaux effectués par leurs soins.
Les précautions à prendre lors d’une délégation de travaux agricoles
En faisant appel à une ETA, un agriculteur lui confie un certain nombre de tâches mais ce n’est pas pour autant qu’il se décharge de toutes responsabilités.
Il faut bien sûr que la prestation soit légale en tous points. Pour ce faire, plusieurs critères doivent être remplis dont la rédaction d’un contrat de prestation (obligatoire) contenant l’objet du contrat et l’identité des parties. Le prix, quant à lui, doit être connu à l’avance et comprendre l’ensemble de la prestation. Aussi, les ouvriers de travaux agricoles doivent être sous la responsabilité de l’ETA sans laquelle celle-ci serait passible de sanction pour travail dissimulé.
En cas de contrôle, il est nécessaire d’avoir certains documents indispensables. Le sous-traitant a l’obligation de fournir ces documents suivants avant signature du contrat lorsque la prestation dépasse le montant de 5000€.
- Une attestation de vigilance provenant de l’URSAFF ou de la MSA
- Un document attestant de son inscription au registre du commerce et des sociétés
- Un document certifiant la régularité de son intervention
- Si le prestataire emploie des salariés il doit aussi vous fournir une attestation sur l’honneur montrant qu’ils seront employés régulièrement ainsi que les copies des déclarations préalables à l’embauche (DPAE).
Bien penser à demander ces documents tous les 6 mois jusqu’à la fin du contrat.
Il faut tout de même garder à l’esprit que la sous-traitance reste sur le long terme bien souvent plus couteuse que l’achat de matériel, étant donné la réduction fiscale et sociale présente lors d’achats.
Bien respecter les points énoncés plus haut et notamment les lois encadrant les prestations de services vous garantit d’éviter les poursuites pénales ou civiles. Le tout est de rester vigilant afin d’éviter les entreprises malveillantes.
Utiliser des outils
Application de carnet de plaine
Il existe de multiples applications faisant office de carnet de champs utilisables depuis n’importe où. Il suffit simplement d’une connexion Internet pour avoir accès à son carnet, et permet par ailleurs de réaliser de la gestion de champs grâce à une fonction multi-utilisateurs. L’entrée des données par les différents utilisateurs est transparente et sans conflit d’utilisation. Ces solutions offrent une liberté de configuration plus ou moins importante afin de s’adapter au mieux aux particularités des exploitations. Étant donné que chaque utilisateur peut entrer les informations nécessaires à partager, cette solution est un outil utile pour continuer de gérer une exploitation à distance.
Piloter son entreprise agricole
Tout le contexte d’une exploitation agricole est constitué de facteurs assez instables : aléas climatiques, fluctuations des prix de vente ainsi que l’augmentation des charges. C’est pourquoi il est parfois compliqué de devenir ou de rester résilient et compétitif. Il existe sur le marché des solutions, à base d’abonnements, de pilotage économique et d’aide à la commercialisation. Leur principal objectif est d’accompagner les chefs d’entreprises agricoles vers toujours plus de rentabilité, en aidant les agriculteurs à prendre des décisions commerciales judicieuses grâce à des recommandations sur les tendances et opportunités des différents marchés tout en tenant compte de leurs appréciations personnelles et des particularités de l’entreprise tel que les coûts de production par exemple.
Gestion à distance
Certaines actions concrètes peuvent être menées à bien à distance telles que la surveillance des animaux dans un bâtiment d’élevage grâce à des caméras ou le pilotage de l’irrigation. Dans ce cas précis, en fonction de son bilan hydrique, on peut grâce cet outil activer, désactiver ou encore programmer une partie de son irrigation. Ainsi, il est plus simple de gérer ses apports en intrants et en eau dans les cultures. Avec la possibilité de programmer ses propres cycles d’irrigation sur une durée de 10 jours et de les modifier en quelques secondes via son smartphone ou son ordinateur, cet outil est une vraie aubaine en termes de gestion à distance.
Conclusion
Tous ces outils de pilotage à distance ne font qu’accompagner céréaliers, viticulteurs, arboriculteur ou encore éleveurs. Ils sont complémentaires au métier et ne peuvent, bien entendu, en aucun cas les remplacer totalement. Du point de vue des éleveurs, ces équipements apportent une certaine forme de confort en permettant leur absence des bâtiments ou des champs à des moments donnés. Mais il reste toutefois indispensable de se rendre parmi ses animaux régulièrement, les fondamentaux du métier étant bien sûr l’observation des bêtes et des cultures.
Source :
https://lareau.ca/article/gerer-sa-ferme-a-distance-cest-maintenant-possible/
https://smag.tech/blog/delegation-travaux-eta/