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« Le cofarming, c’est la mise en relation d’agriculteurs » Mickael Jacquemin d’EchangeParcelle

Gilles Cavalli: Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind. Aujourd’hui je suis avec Mickael Jacquemin cofondateur d’EchangeParcelle. Bonjour Mickael, peut-être quelques mots pour vous présenter.

Echange Parcelle

Mickael Jacquemin : Je suis agriculteur dans la Marne, sur une exploitation relativement diversifiée aussi bien en élevage qu’en grande culture.

Gilles Cavalli: Et votre rôle dans EchangeParcelle ? Et puis peut-être développer un peu ce que c’est que cette initiative, cette entreprise.

Mickael Jacquemin : En fait, sur mon exploitation je suis confronté à une problématique qui est les parcelles éloignées. Un certain nombre de parcelles où je n’ai pas réussi à trouver de solutions, par manque de connaissances pour faire des échanges. Un certain nombre, j’avais réussi parce que je connaissais des agriculteurs qui étaient confrontés à la même problématique mais dans le sens inverse. Face à cette problématique, je me suis dit il y a peut-être moyen avec les nouveaux outils de communication de mettre en relation les agriculteurs pour qu’on puisse réaliser ces échanges de parcelles éloignées.

Gilles Cavalli: Donc cette idée « d’échange parcelles » est venue d’un besoin présent sur l’exploitation. On peut avoir une petite idée de l’éloignement des parcelles et de ce que cela représente entre guillemet comme temps perdu pour vous concrètement ?

Mickael Jacquemin : Aujourd’hui sur l’exploitation, la parcelle la plus éloignée est à 35 kilomètres. Alors certes, il y a 28 hectares mais malgré tout, à chaque fois que l’on fait un déplacement, c’est une heure et demi sur la route, le temps de déplacement en tracteur donc quand on imagine une intervention phytosanitaire, une heure et demi de route. Les conditions climatiques peuvent très vite se dégrader, le vent peut se lever, etc… Donc c’est toujours préjudiciable et puis aller faire des observations des cultures à 35 kilomètres, un comptage de pucerons, etc… c’est toujours complique et on s’aperçoit en fait que sur ce type de parcelles, on ne l’optimise pas à 100%, loin de là. On met la dose homologuée et on ne prend pas le risque de réduire nos doses, chose que l’agroécologie va nous imposer, je pense, assez rapidement.

Gilles Cavalli: Donc face à ce constat et à ces difficultés d’exploiter sur ces parcelles éloignées est née l’idée d’EchangeParcelle. Concrètement, comment cela se présente ? Comment cela fonctionne ?

« EchangeParcelle : c’est un site Internet de mise en relation d’agriculteurs »

Mickael Jacquemin : En fait, c’est un site Internet de mise en relation d’agriculteurs. Il est totalement gratuit pour les agriculteurs que ce soit à l’enregistrement, à l’inscription mais aussi à la mise en relation. Donc les agriculteurs, simplement avec un nom, un mail, un numéro de portable s’enregistrent. Ensuite sur une carte, très simplement, ils géolocalisent avec un petit jalon le siège de l’exploitation c’est-à-dire le lieu où l’objectif c’est de rassembler le maximum de parcelles. Et ensuite, avec un autre code couleur, toujours pareil avec le même principe des petits jalons, on se promène sur la carte. On peut zoomer à volonté et on va y ajouter les parcelles, donc on schématise simplement avec un jalon la ou les parcelles que l’on considère trop éloignées. On la caractérise par un nom, le nombre d’hectares. Alors cela peut être soit des parcelles agricoles, des prairies ou des vignes. On est capable sur notre plateforme de mettre en relation aussi bien des agriculteurs, des éleveurs mais aussi des viticulteurs.

Gilles Cavalli: Et une fois que cette démarche est faite, donc en ce qui vous concerne cette parcelle de 28 hectares à 35 kilomètres du siège d’exploitation, l’étape suivante ?

Mickael Jacquemin : L’étape suivante c’est une fois que l’on a un maximum de parcelles d’enregistrer sur notre serveur, il y a un algorithme qui prend en compte toutes ces données et qui va calculer les opportunités d’échanges possibles entre les agriculteurs. Alors cela peut être des échanges simples entre un agriculteur A et B mais l’intérêt de l’algorithme c’est qu’il est capable de calculer des échanges en cascade. Donc entre A, B et C voire D. On optimise et on augmente les capacités à faire des échanges. Donc une fois que l’algorithme à trouver des possibilités d’échange, on contacte via mail ou sms les agriculteurs en leur donnant les coordonnées des agriculteurs concernés. Ensuite, j’ai envie de dire, notre boulot s’arrête là, notre objectif étant de les mettre en relation. Une fois que les agriculteurs ont reçu leurs mails, ils prennent contact entre eux et ils font ou pas l’échange. Il y a une phase où il faut faire connaissance et j’ai envie de dire négocier l’échange mais ensuite c’est à eux de concrétiser ou pas l’échange.

Gilles Cavalli: Oui puisque effectivement suivant le passif de la parcelle, sa dimension, la nature du sol, son orientation si c’est de la vigne, enfin toutes les caractéristiques font qu’un hectare ne vaut pas forcément un hectare donc là rentre tous les barèmes en vigueur.

Mickael Jacquemin : Et donc c’est à ce moment-là que l’on préconise de se faire accompagner par des conseils juridiques voire fonciers. Donc ce sont ces partenaires que l’on pousse au moment de l’envoi du mail et des coordonnées : des comptables, des experts fonciers, des juristes pour accompagner l’échange par la rédaction de contrats, par exemple pour les juristes et pour les experts fonciers faire un état des lieux des parcellaires avant de démarrer l’échange et ce sont eux qui rémunèrent la plateforme de mise en relation. Ce sont bien les experts, les partenaires qui viennent nous rémunérer et l’objectif pour moi agriculteur c’était vraiment de créer un site de mise en relation qui soit totalement gratuit pour les agriculteurs.

Gilles Cavalli: On est vraiment dans cette dynamique du co-farming dans l’appréciation de ce terme naissant. Comment «Echange Parcelle » s’inscrit là-dedans et qu’est-ce que l’on pourrait donner comme définition de cofarming ?

Mickael Jacquemin : Cofarming, derrière ce terme qu’est-ce que j’y mets ? C’est la mise en relation de l’agriculteur donc cela c’est le principe général. Mais il y a tellement de choses à mettre en relation. Peut-être les premiers à avoir mis le doigt dans le dispositif cofarming c’est peut-être Wefarmup, la mise en relation d’agriculteurs pour la location de matériel agricole et nous, évidemment, on s’inscrit là-dedans avec l’échange de parcelles, la mise en relation d’agriculteurs pour faire des échanges. Vous, votre dispositif je considère qu’il est évidemment aussi dans le cofarming, c’est mettre en relation des agriculteurs entre eux voire aussi des techniciens pour apporter un accompagnement technique et échanger sur des pratiques agricoles.

Gilles Cavalli: Exactement, on est dans la même veine de ce que l’outil Internet permet aujourd’hui, de faciliter les rencontres et les échanges via la machine mais surtout entre les hommes et les femmes pour progresser et retrouver des marges de rentabilité, de performance économique et de satisfaction sur les exploitations.

Mickael Jacquemin : C’est vrai qu’avec ces nouveaux dispositifs de communication, il n’y a plus de frontière et j’ai envie de dire qu’aujourd’hui la France est devenue un village.

Gilles Cavalli: Il y a de cela, les contraintes territoriales et géographiques sont toujours mais elles sont largement dépassées par ces outils-là. Merci beaucoup Mickael Jacquemin pour cet échange. C’était Gilles Cavalli pour le blog d’Agrifind. Si vous avez apprécié cette interview, n’hésitez pas à la poster sur les réseaux sociaux. A très bientôt pour un nouvel échange. Au revoir.

Pour développer vos compétences: Accédez ici à la plateforme Agrifind

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