AGRICULTURE ET BIG DATA Futur ou Bla-Bla-Bla ? (2/2) De Alexandre Carré
Second volet d’un article en 2 parties sur le Big Data en agriculture proposé par Alexandre Carré.
Faut-il avoir peur des Big Data en agriculture ?
Comme pour toute innovation, il convient d’analyser les Big Data sous un angle Bénéfices/Risques. Une fois identifiés, il faudra circonscrire les risques et maximiser les bénéfices…
Les données sont par essence immatérielles et, souvent, elles circulent librement par la voie des airs via les ondes. Elles comportent des d’informations susceptibles d’être de l’ordre de la vie privée ou confidentielles. De plus, elles ont une valeur marchande. Leur usage s’est démocratisé et certains matériels ne peuvent pas fonctionner sans données provenant de l’extérieur. Et puis, ces données ont aussi une empreinte énergétique… Autant d’éléments qui rendent le sujet des Big Data extrêmement stratégique et sensible. Comme toujours, les évolutions technologiques ont un temps d’avance sur les évolutions législatives. La peur ou la volonté de faire marche arrière ne sont pas constructives. C’est aux acteurs de ces domaines en mutation qu’il convient de s’organiser et de faire valoir leurs intérêts et leurs droits. Ainsi, par leurs actions, leurs choix et leurs paroles, les agriculteurs doivent être des acteurs à part entière des évolutions qui les concernent directement.
Les perspectives agricoles des Big Data
L’analyse de ces énormes quantités de données d’origines très diverses permet d’envisager de très nombreuses applications dont certaines se développent déjà. Les Big Data peuvent constituer une mémoire collective dans laquelle on pourra puiser pour prévoir, anticiper ou répondre aux problématiques rencontrées. Cette perspective est particulièrement intéressant dans le cadre de la production agricole dépendante de très nombreux paramètres qui interagissent les uns les autres et qui, pour certains, sont très difficiles à prévoir (les évènements climatiques par exemple). Les mégadonnées laissent entrevoir la possibilité de créer des modèles de plus en plus puissants à mesure qu’ils s’enrichiront des informations provenant de tout le territoire, voire du monde entier. Ces modèles pourraient bientôt pouvoir répondre à des questions comme « Quelle culture dois-je implanter, quelle variété prendre, quel itinéraire dois-je choisir, quand fertiliser, quand et avec quoi traiter … ? ». Des questions simples mais dont les réponses sont conditionnées par de très nombreux facteurs en interaction (environnementaux, agronomiques, climatiques, économique, techniques…). Ces modèles laissent présager une agriculture plus prédictive, plus efficace, plus productive, plus respectueuse à mesure qu’ils deviendront intelligents. Et ce mot « Intelligent » n’est pas usurpé, car on assiste bien à la création de véritables Intelligences Artificielles, dont les codes miment maintenant la morphologie et le fonctionnement de nos cerveaux (neurones et synapses artificiels) et qui, une fois nourris par les mégadonnées se montrent capables d’apprendre et même de raisonner… Des Intelligences qui pourraient être hébergées dans nos smartphones, dans les drones, dans les essaims de robots qui parcourront demain nos champs.
Vers une évolution profonde du développement agricole ?
Plus encore qu’avec l’apparition de la mécanisation, l’agriculture est à la veille d’une évolution profonde liée aux développements des données numériques, capables, en théorie, de presque tout décrire par une succession de 0 et de 1. La vie organique elle-même n’est pas presque entièrement décrite par une succession de 4 lettres, A, T, G, C qui constituent le code de l’ADN ?
Les contours de cette évolution sont encore flous, les problèmes et les risques à surmonter encore innombrables, mais c’est inéluctable, la révolution agricole numérique aura bien lieu. Toutes les agricultures seront concernées. Cette révolution n’expliquera rien de plus, elle expliquera juste beaucoup mieux. Tout ça pour ça ? L’enjeu en vaut-il la chandelle ? Nous verrons bien, mais comme la plupart d’entre nous ne remettent pas en cause la présence des tracteurs dans les champs, nous pourrions bien considérer, dans quelques années, que des robots avec des antennes, survolés par des drones et régis par une Intelligence Artificielle nourrie de données font partie intégrante du paysage agricole…
Et si, rassurons-nous, cela ne changera rien à la façon dont les plantes poussent, ni à celle qu’ont les animaux de naître et de grandir, l’Agriculture ressemblera, de plus en plus, à l’idée que l’on se fait de l’Agriculture du Futur.
Alexandre Carré
@AlexCarre49
@FuturAgricultur
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