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Les 4 clés du succès pour une conversion en bio réussie de Karim Riman, agroécologue

Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’agrifind.  Je suis avec Karim Riman, un agroécologue qui fait de l’accompagnement technique, spécialiste du sol, viticulteur et également coauteur d’un livre paru aux éditions France Agricole qui s’intitule « 10 clés pour réussir en bio : conversion et installation« . Karim est-ce que tu peux s’il te plaît te présenter en quelques mots ?

Karim Riman: Je suis de formation d’ingénieur agricole Isara-Lyon. Cela remonte maintenant à plus d’une vingtaine d’années et je me suis passionné pour la question du sol et de l’agriculture biologique en 1996 je me suis installé comme consultant auprès des agriculteurs sur la question de la fertilité du sol quel que soit les filières, agriculture raisonnée, agriculture bio et nous accompagnons également les producteurs dans leur démarche de conversion bio, aujourd’hui à forte valeur environnementale ainsi que sur les questions écologiques.

Gilles Cavalli : Merci. Alors en lien avec l’ouvrage « 10 clés pour réussir en bio » on a forcément envie d’en savoir plus. Est-ce que tu pourrais nous présenter trois ou quatre de facteurs clés de succès pour une installation, une conversion en bio réussie ?

10 clés reussir en bio conversion installation

Karim Riman: Ce livre vient un petit peu après un premier livre qui s’appelle « Le mémento de l’agriculture biologique » du même éditeur qui souhaitait un livre un peu plus synthétique qui permette en 10 clés de franchir les pas avec succès de la conversion vers l’agriculture biologique ou de ne pas la franchir si les difficultés se présente. Je l’ai écrit conjointement avec mes collègues du CFPPA du Vaucluse, Barbara Meyer, Eliette Girard et Gabriel Guet avec qui j’ai écrit ce premier livre. . « 10 clés pour réussir en bio » est scindé en deux parties une qui s’adresse, pour la première aux agriculteurs déjà installés et pour la deuxième partie au public que l’on appelle qui s’installe hors cadre familial. Ils sont très nombreux aujourd’hui en région PACA, Rhône-Alpes.

Memento Agriculture Biologique

Gilles Cavalli : J’ai retenu que tout ce qui est lié au commerce et à l’accès au marché est important.

1ière clé : Bien anticiper et prévoir la commercialisation

Karim Riman: Absolument, le premier point que l’on a souhaité mettre en avant peut paraître curieux d’un premier abord c’est la partie commerciale : on a constaté de par nos que beaucoup de producteurs réussissent techniquement mais non pas préparé commercialement la conversion. S’ils sont dans une coopérative, s’ils vont dans un certain circuit s’ils veulent aller vers le circuit court etc… Il nous a paru important de mettre l’accent sur ce point de faire sa place sur le marché du bio qui est prospère, et que ce n’est pas parce qu’il a une croissance à deux chiffres que sa place sera faite au soleil facilement ! Tout cela se prépare.

2ième clé : Bien se préparer à faire évoluer techniquement ses pratiques agricoles

Au niveau du deuxième point qui nous paraît très important bien sûr c’est la partie technique. Cela relève pour nous du degré d’intensification du domaine agricole sur les choix techniques et l’état des lieux de l’entreprise agricole. On a des points à analyser afin d’éviter des échecs notamment quand on prend l’exemple de l’arboriculture fruitière où l’on va avoir des variétés très sensibles, certaines maladies de ravageurs où l’on est dans l’intensification du désherbage total de la ferti-irrigation, etc… La conversion demandera davantage de temps qu’une entreprise dans le domaine agricole qui sera déjà dans une démarche de désherbage mécanique, du travail du sol, de fertilisation organique et de production utilisant des alternative aux produits chimiques de synthèse.

Gilles Cavalli : j’imagine tout ce qui est lié aussi aux aspects financiers peut-être important dans une installation, une conversion ?

3ième clé : Bien réfléchir à son plan de financement

Karim Riman: Absolument, une fois que l’on a avancé dans son projet on a fait l’état des lieux via une check-list pour savoir où on en est sur certaines parties, concernant certaines difficultés, au niveau environnemental, humain et technique il va falloir à un moment donné faire la liste des investissements à faire parce que tout passage vers l’agriculture alternative et là, en l’occurrence bio, nécessite des investissements que ça soit au niveau du travail du sol, des traitements, si je suis en transformation des équipements spéciaux, etc… Le bilan de santé et économique de l’entreprise est donc indispensable à faire et le prévisionnel des investissements à court et moyen terme est aussi indispensable pour savoir si l’on peut franchir le pas vers l’agriculture bio. Parfois la conversion dure plus de 3 ans (jusqu’à 5 ans) pour intégrer l’aspect technique et bien sûr l’aspect humain indispensable à intégrer.

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4ième clé : Bien prendre complètement en compte les aspects humains

Alors le dernier point c’est l‘humain. Une conversion vers l’agriculture bio intègre nécessairement l’humain c’est-à-dire les associés, par exemple en GAEC ; ou les actionnaires dans les entreprises où il y en a, les chefs de culture et bien entendu les salariés. C’est impérativement informer de la démarche initiée par le producteur, par le propriétaire du domaine. Informer les salariés à minima et encore mieux les intégrer dans la réflexion à fin qu’ils soient partie prenante du projet et force de proposition. Bien sûr cela passe par la formation afin d’informer sur les techniques de bio, les alternatives et cela se fait avec le temps une ou deux années en vue de préparer les collaborateurs, les salariés avant la conversion bio à proprement parlé. « Je ne le fais pas tout seul en tant que chef d’entreprise », « je ne le fais pas tout seul en tant que responsable du domaine » il y a d’autres personnes qui vont être exécutantes de certaines tâches et il faut qu’elles comprennent leurs gestes et leur portée. Il faut savoir également observer notamment concernant les produits phytosanitaires car la prévention donc l’observation fera partie intégrante du métier de l’arboriculteur, du maraîcher encore plus que l’agriculture dite traditionnelle ou raisonnée.

Gilles Cavalli : tout à l’heure était évoqué le cadre spécifique justement des personnes qui s’installent hors du cadre familial. Qu’est ce qui pourrait illustrer cette spécificité d’installation alors que l’on n’est pas issu du milieu agricole et que l’on ne reprend pas l’exploitation d’un parent ?

« L’observation et la formation sont des points clefs préalables à l’installation dans le monde agricole »

Karim Riman: Bien sûr il y a également 10 facteurs clefs de succès qui leur sont consacrés. Le livre est scindé en deux parties ce qui en fait un total de 20 ! Si l’on peut mettre en avant quelque chose c’est que c’est un secteur nouveau, un monde nouveau donc il faut s’en imprégner et il faut l’intégrer. Le monde agricole est assez particulier il faut l’appréhender l’apprivoiser donc déjà il y a cette connaissance du milieu à avoir. Beaucoup de visites, beaucoup de stages, de travail agricole préalable à l’installation. Il faut se dire que l’activité agricole c’est une expérience en général une fois et une seule fois par an ! Donc cela veut dire que l’on capitalise : ce n’est pas comme un boulanger ou comme un industriel qui peut reprendre un peu le process. Là, il faut au moins avoir 3, 4 années avant de se lancer à force d’observations et de formations. Un autre point qui est très particulier au monde agricole c’est l’accès au foncier. Il est présent mais n’est pas toujours disponible et le monde agricole ne veut pas le lâcher à n’importe qui. C’est une démarche probablement de longue haleine qui peut faire l’objet d’un point bloquant pour le projet donc cela se prépare et ne s’improvise pas.

Gilles Cavalli : Merci Karim pour toutes ces précisions tiré du livre « 10 clés pour réussir en bio conversion et installation ». Une dernière question pour clore notre échange : ton rêve pour les agriculteurs quel est-il ?

Karim Riman: Nous nourrissons l’humanité. Mon rêve, c’est que l’on puisse vivre sereinement de notre métier. Je dis « nous » car je suis viticulteur, et je veux que l’on puisse aussi laisser l’agriculteur, les producteurs, les cultivateurs vivre sereinement de leur métier. Moins de difficultés administratives, moins de difficultés d’accès au marché. Les producteurs, les agriculteurs sont toujours prêts au changement, ils sont à l’écoute de la société à ses attentes. Les changements ne se font pas en un clin d’œil il faut quand même un peu de patience. Je sais qu’aujourd’hui, même les plus industriels et intensifs prennent le pas des alternatives, prennent le pas du changement. Je rêve que le monde agricole ce ne soit pas 100 000 agriculteurs en France mais 500 000 agriculteurs. Je rêve d’un monde agricole divers, présent et serein.

Gilles Cavalli : C’était un échange avec Karim Riman, agroécologue, spécialiste du sol qui réalise de l’accompagnement technique auprès d’arboriculteur, de viticulteurs. Merci Karim et à très bientôt chers auditeurs pour un nouveau podcast avec un acteur du monde agricole.

Karim Riman

« 10 clés – Réussir en Bio, conversion et installation », paru aux éditions France Agricole traite à la fois de la conversion et de l’installation en agriculture biologique. C’est un travail d’équipe :

· Karim Riman, conseille et forme depuis 1996 en France et à l’international. Il intervient auprès d’agriculteurs qui s’interrogent sur la fertilité de leur système de production. Il est aussi viticulteur en bio dans les Côtes du Ventoux et co-auteur du Mémento d’agriculture biologique.

· Barbara Meyer Soula, accompagne depuis 15 ans des porteurs de projets agricoles dans le cadre de formations au CFPPA de Vaucluse. Elle est aussi conjoint collaborateur d’une ferme familiale.

· Éliette Girard, travaille depuis de nombreuses années dans la formation professionnelle agricole, notamment au CFFPA de Vaucluse. Elle est aussi conjoint collaborateur d’une ferme familiale.

· Gabriel Guet, s’est installé en bio avant que les références ne soient fiables et nombreuses. Consultant en bio et à l’international, il est membre fondateur du GRAB et membre émérite du FVO. Il est aussi co-auteur du Mémento d’agriculture biologique.

Ce livre est préfacé par madame Stéphanie PAGEOT, Éleveuse laitière bio en Loire Atlantique et présidente de la FNAB (Fédération Nationale de l’Agriculture Biologique)

Les chapitres :

· Les principes fondateurs de l’agriculture biologique

· La réglementation européenne

· Les dix clés pour réussir sa conversion : prendre le temps de se préparer

· Les dix clés pour réussir son installation « hors cadre familial »

Vous voulez convertir votre ferme au bio ? Vous rêvez de vous installer comme agriculteur bio ?
– évaluez votre système de production et comment déterminer les éléments à modifier dans vos pratiques

– déterminez quels sont vos points d’appui internes et externes

– trouvez les solutions les plus adaptées

– définissez une organisation, adaptée à votre projet et qui vous convient

– appréhendez votre marché et le contexte de votre projet,

– listez toutes les questions pour une installation en bio réussie

Vos 10 Clés pour réussir Vos 10 Clés pour réussir
1. Saisir les opportunités pour faire sa place sur le marché

2. Nouer des nouveaux contacts, tisser un réseau

3. Questionner ses choix techniques

4. Investir à bon escient

5. Préparer financièrement la période de conversion

6. Surmonter sa propre résistance au changement

7. S’informer, se former

8. Convaincre les personnes impliquées dans l’entreprise

9. Se tester, avancer progressivement

10. Franchir les étapes administratives

1. Découvrir un secteur professionnel particulier

2. Appréhender les difficultés du « hors cadre familial »

3. Entrer dans une démarche de création

4. Poser des bases solides en se mettant au clair personnellement

5. Acquérir les compétences nécessaires

6. Accéder au foncier, question épineuse

7. Trouver les fonds

8. Choisir un statut

9. Démarrer progressivement

10. Vivre les premiers temps de l’installation

Crédit Photo : Pixabay/ linked in

Pour développer vos compétences: Accédez ici à la plateforme Agrifind

Et vous, pratiquez-vous l’agroécologie ? L’agriculture biologique ? Quels sont pour vous les facteurs clefs de succès les plus importants ? Vous pouvez poster vos commentaires ci-après.

 

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