« Agriculture de conservation des sols : amélioration des rendements et des résultats économiques » Jérôme Ousselin, polyculteur dans la Marne
Gilles Cavalli : Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind, je suis avec Jérôme Ousselin, polyculteur dans la Marne, il mène son exploitation en agriculture de conservation des sols.
C’est le à sujet précisément que j’aimerai aborder avec toi, mais auparavant est-ce que tu peux te présenter et présenter ton exploitation s’il te plait ?
Jérôme Ousselin : J’ai 28 ans, je me suis installé en 2011 après avoir été chef de culture dans une exploitation céréalière de la Champagne crayeuse qui était en agriculture de conservation également. J’ai aussi travaillé dans une exploitation en agriculture biologique pendant trois ans. Je me suis beaucoup formé. L’exploitation en elle-même compte aujourd’hui 50 hectares en agriculture de conservation au micro-BA. Je précise aussi que j’ai fait un BTS en comptabilité ce qui fait qu’aujourd’hui, par rapport à mon système je ne cherche pas à m’agrandir car que je gagne déjà bien ma vie comme ça.
Gilles Cavalli : Merci pour cette introduction. Ce qui serait intéressant serait d’avoir un retour d’expérience sur la transition d’un modèle dit classique vers un modèle d’agriculture de conservation. Quels sont les éléments que tu considères importants pour réussir ce passage ?
« Réussir une transition en agriculture de conservation des sols passe par une conception du système dans sa globalité et par un accompagnement auprès d’un agriculteur formé »
Jérôme Ousselin : Mon exemple est très bien parce que j’ai suivi toutes les étapes comme tout le monde avec toutes les erreurs que l’on peut faire, à savoir que j’ai repris l’exploitation derrière mes grands-parents qui étaient en 100% labour. J’ai passé progressivement avant ma reprise en TCS (technique culturale simplifiée), déjà du TCS classique avec tous les problèmes qui vont avec, du salissement, de la compaction. Je me suis ensuite posé la question de comment faire pour résoudre tout cela. Donc je suis passé en agriculture de conservation avec quelques échecs également puisque l’on a beau se former, on n’est pas experts dès le début. Il a fallu le temps de mettre en place le système. Aujourd’hui le système est réfléchi dans sa globalité et les champs sont propres ou se nettoient et les rendements sont revenus, les marges sont là, et le revenu est en hausse. Au niveau de la transition ce que j’aurais tendance à dire c’est de se faire conseiller sur son exploitation, de se faire accompagner par d’autres agriculteurs, par des techniciens spécialisés si il y en a pour éviter de faire les erreurs au début.
Gilles Cavalli : Justement sur ces erreurs de débutant, particulièrement dans ton cas, qu’est-ce que tu as fait ou pas fait, et quelles erreurs que tu as commises pourraient être évitées grâce à de bons conseils ?
Jérôme Ousselin : Les erreurs de débutant que j’éviterai maintenant que j’ai de l’expérience : essayer certaines choses qui de toute façon ne sont pas adaptées à notre terroir ; quelqu’un qui est du terroir l’aura déjà essayé parce qu’il aura fait des erreurs et sera capable de dire « évite de faire ça parce qu’il y a peu de chance que cela fonctionne ». C’est aussi de ne pas avoir réfléchit le système dans sa globalité au départ. Tout est lié en agriculture de conservation des sols et il n’y a rien qui est laissé au hasard. Au début on y va un peu à tâtons dans toutes les directions et il ne faut pas. Il faut se former, réfléchir dans la globalité et ensuite mettre en place, mais il ne faut pas y aller comme ça dans le brouillard, et ça ce sont des erreurs que je n’aurais pas faites si on m’avait conseillé dès le départ.
Gilles Cavalli : Et aujourd’hui tu dis que ça fonctionne bien ! Peux-tu nous donner quelques illustrations de l’état actuel qui te satisfait ?
Jérôme Ousselin : J’ai l’exemple type d’une parcelle qui était complètement envahie de vulpin et de ray-grass en 2013, c’était un blé à l’époque, là c’est à nouveau un blé pour la récolte 2017, il n’y a aucune mauvaise herbe qui dépasse. Ça c’est exemple flagrant, au niveau des rendements, hormis l’année dernière qui était une année spéciale, chaque année je pulvérise un record historique de rendement sur l’exploitation pour des cultures différentes à chaque fois. La preuve, toutes les années j’en dépasse un. En 2014 c’était le maïs, en 2015 c’était le blé, en 2013 c’était le colza. Tous les ans on a des records qui sautent.
Gilles Cavalli : Et l’assolement que tu as mis en place, il y a combien de cultures différentes chaque année sur ta ferme ?
Jérôme Ousselin : Cette année j’en ai 11.
Gilles Cavalli : 11 cultures différentes ! Et comment on fait pour manager 11 cultures et réussir 11 cultures différentes ?
« Être en polyculture demande de réfléchir et de s’informer mais permet au final de mieux gérer ses pics de travail »
Jérôme Ousselin : Cela demande un peu de connaissance, cela demande de savoir chercher de l’information, après au niveau du travail cela se gère beaucoup plus facilement qu’avant puisqu’il y a des cultures d’automnes, des cultures de printemps, des dates de semi et d’interventions qui sont différentes, et finalement on ne retrouve plus des pics de travail atroces comme la période de semi au niveau de l’automne. Là on étale du travail sur toute l’année donc finalement c’est beaucoup plus facile à gérer parce que l’on peut intervenir aux moments les plus opportuns sur les parcelles.
Gilles Cavalli : Très bien, merci pour ce témoignage et ce retour d’expérience précis sur l’agriculture de conservation que tu mènes sur ton exploitation de la Marne. Une dernière question pour clore cet échange, ton rêve d’agriculteur, quel est-t-il ?
Jérôme Ousselin : Ce serait de voir toutes les exploitations en agriculture de conservation puisque quand je vois mes résultats économiques et que je vois la situation de l’agriculture actuelle au niveau économique il n’y a pas photo. Les résultats économiques sont là pour nous, preuves à la clef derrière.
Gilles Cavalli : Parfait et bien merci beaucoup, Jérôme Ousselin qui est en polyculture avec 11 cultures différentes sur son exploitation céréalière en agriculture de conservation. A très bientôt chers auditeurs pour un nouvel échange avec un agriculteur. Au revoir à tous !
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Crédit Photo : Pixabay
Et vous, pratiquez-vous l’agriculture de conservation ? Quels sont vos facteurs clefs de succès pour réussir une transition vers ce modèle d’agriculture ? Vous pouvez témoigner ci-après.