Quels effets des pratiques culturales sur la fertilité biologique des sols ?
Un sol qui fonctionne correctement fonctionne sur ses 3 piliers : physique, biologique et chimique. L’approche globale des sols permet de comprendre les interactions entre ces 3 aspects du sol (voir la fiche approche globale des sols).
L’obtention d’un sol fertile passe par un pilier fertilité biologique fort et fonctionnel (Voir article activité biologique des sols).
Pour obtenir un pilier biologique fort il suffit de considérer l’impact des pratiques et du couple climat/sol sur les organismes vivants. Le développement de la vie du sol se base sur le simple respect de 2 principes fondamentaux : le respect du gîte (habitat) et du couvert (source de nourriture). C’est très simple : nourrir ces organismes et respecter l’intégrité de leurs habitats.
Les pratiques agricoles vont avoir es effet directs et/ou indirects sur les habitats et/ou les sources de nourriture. Parmi les pratiques les plus impactantes on retrouve :
- Le travail du sol : on constate une augmentation de l’activité biologique des sols lorsque le travail du sol est diminué. Ceci est particulièrement vrai pour les organismes de grandes tailles. En effet, ils sont les premiers impactés par les passage d’outils qui peuvent soit les tuer, soit les limiter dans leur mouvement par la création d’une semelles de lissages (qui apparaissent avec tout passage d’outils et non pas simplement avec le labour) qui va constituer un obstacle. Les vers de terre anéciques sont particulièrement affectés par un travail du sol intense et fréquent avec une réduction de population pouvant aller jusqu’à plus de 80% comparé à un sol à faible intensité de travail de sol et avec labour très occasionnel.
- La fertilisation : on observe un effet direct au travers de la modification des équilibres chimiques dans la solution du sol ce qui affecte la diversité microbienne. Cependant, la fertilisation impacte également indirectement le sol car une culture bien fertilisée produit beaucoup de biomasse et peut apporter plus matières organiques au sol.
- La succession culturale : Les organismes du sol ne peuvent pas supporter l’absence d’activité racinaires ou de matières organiques en abondance. Ainsi les périodes de sol nu et une absence d’apport en matière organique (plus ou moins fraîche par la restitution de résidus de culture ou de couverts végétaux ou l’apport de fumier) sont des facteurs de stress très important. Ainsi, les systèmes incluant de la prairie sont très bénéfiques à l’activité biologique en règle générale, car cette période de sol couvert en continue permet aux populations de se régénérer après 3 ou 4 ans de culture qui ont réduit considérablement le nombre et la diversité des organismes vivants.
- L’usage de produits phytosanitaires : Il existe encore assez peu d’études sur l’effet des pesticides sur les organismes du sol, mais globalement on compte 2 effets :
- direct, qui tue lors de l’application des produits, avec des constats assez contre-intuitifs par exemple des herbicides qui affectent des arthropodes comme les carabes ;
- indirect, via les molécules de dégradation des produits phytosanitaires qui affecte l’activité hormonale. Ainsi on a pu remarquer une diminution de la fertilité des lombrics exposés à plusieurs molécules comme le mancozèbe, le carbofuran ou le carbendazim (Cluzeau, 2008).