Les clés pour prendre une décision d’intervention sur les cultures
Avant d’intervenir sur les cultures, il est important de prendre en compte de nombreux paramètres tel que : l’infestation, le seuil de nuisibilité, la tolérance de la variété semée, les conditions climatiques….
Tenir à avoir une « parcelle propre » n’est pas un objectif en soi, le plus important est de ne pas mettre en péril la rentabilité de la culture. De plus, on s’achemine de plus en plus vers une utilisation de la chimie de synthèse en dernier recours afin d’assurer la production lorsque les moyens mis en place n’ont pas été suffisants.
La protection intégrée
La protection intégrée mobilise l’ensemble des moyens alternatifs et chimiques tout en assurant une gestion durable des autres moyens de production (azote, énergie,…). L’idée est de privilégier les méthodes préventives (rotation, choix variétal, favoriser les auxiliaires des cultures…) afin de prévenir un maximum l’apparition de la maladie ou de l’adventice plutôt que les méthodes de lutte.
LES PRINCIPES GÉNÉRAUX DE LA PROTECTION INTÉGRÉE (annexe 3 de la directive 2009/128/CE) :
• En grande culture et en cultures maraîchères, allonger la rotation des cultures.
• Opter pour des variétés moins sensibles.
• Optimiser l’utilisation de fertilisants, de chaux et l’irrigation.
• Nettoyer le matériel et les équipements.
• Multiplier les observations sur le terrain.
• N’intervenir que si les seuils sont atteints, pour la culture et la région données.
• Préférer les méthodes mécaniques, biologiques, physiques si elles permettent un contrôle satisfaisant des cultures.
• Adapter les produits phytosanitaires à la cible et veiller à l’absence d’effets non intentionnels pour l’homme, l’environnement et les organismes non cibles.
• Utiliser des doses réduites et limiter la fréquence d’application si le niveau de risque est acceptable et que cette stratégie ne développe pas de résistances des populations nuisibles.
• Opter pour des produits aux modes d’action différents si le risque de résistance est connu.
• Vérifier le taux de réussite des mesures phytopharmaceutiques appliquées.
Comment prendre une bonne décision d’intervention sur les cultures ?
Les sources pour aider prendre une décision d’intervention sont multiples. Au final, c’est bien l’agriculteur qui fait le choix d’intervention et qui porte la responsabilité réglementaire, environnemental et économique de cette décision.
Voici plusieurs sources sur lesquelles on peut s’appuyer avant de prendre la décision de « sortir le pulvérisateur ».
BSV : Bulletin de Santé du Végétal
Le bulletin de santé du végétal est rédigé à partir des données recueillies par un réseau de surveillance réparti sur l’ensemble du territoire et couvrant l’ensemble des filières : Grandes cultures – Arboriculture fruitière – Viticulture – Maraîchage – Horticulture – Pépinières – Prairies – Zones non agricoles.
Ce réseau, fort de quelques 4200 observateurs, est destiné à fournir aux agriculteurs et de manière régulière, les éléments de situation phytosanitaire et d’analyse de risques par filière et sur un territoire donné. En outre, il peut être le vecteur d’informations générales (bonnes pratiques agricoles, par exemple) et règlementaire (messages règlementaires ou notes nationales du Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et de la pêche).
La responsabilité de la rédaction des BSV est généralement portée par les Chambre d’Agriculture. La DRAAF assure une mission de supervision du dispositif. Ainsi l’élaboration partenariale du BSV traduit le transfert de la responsabilité opérationnelle de la surveillance biologique du territoire de l’administration vers la profession agricole.
Un point important, les BSV ne contiennent pas de préconisations, ce ne sont pas des alertes de déclenchement de traitement. Ils rassemblent les observations sur un territoire donné et signalent l’activité des bioagresseurs. Ils incitent, ainsi, à observer les parcelles dans le cas où un ravageur ou une maladie est proche du seuil de traitement dans la plupart des parcelles témoins du réseau.
Les préconisations sont établies et diffusées directement par les différents prescripteurs.
OutilS d’Aide à la Décision
L’intérêt de s’appuyer sur un OAD est d’être capable d’anticiper un risque maladie sur les cultures pour pouvoir intervenir au bon moment, avec un produit et une dose adaptés…
Le principe est le suivant : un modèle intègre des données biologiques, phénologiques et météorologiques. Il permet d’avoir une vision dynamique de l’évolution potentielle d’une maladie ou d’un ravageur sur une petite région.
L’analyse des résultats du modèle, pondérée par les observations de terrain, permet au technicien d’organiser la lutte:
- Choix de la méthode de lutte (biologique ou classique),
- Choix des dates d’application et des matières actives.
L’objectif est bien d’informer les producteurs en temps réel des risques de contamination primaire afin d’obtenir une efficacité maximale des traitements (insecticides, fongicides) et d’empêcher ainsi l’installation des ennemis des cultures (ravageurs, champignons) avec le minimum de traitements nécessaires.
Ce type d’outil est également accessible directement par les agriculteurs.
AGRIFIND ALERTES
Agrifind Alertes est un réseau professionnel collaboratif de partage des observations de la santé du végétal.
Concrètement, un agriculteur ou un technicien fait une observation d’une maladie ou d’un insecte sur un champ de blé par exemple. L’application, grâce à des photos et une description, l’aide à identifier correctement le bioagresseur et lui donne des indications de la gravité. Il place alors une balise géolocalisée sur la parcelle, prend une photo, écrit un court commentaire et poste l’alerte.
Ainsi l’ensemble des utilisateurs d’Agrifind Alertes est prévenu de la présence de cette maladie ou de cet insecte sur cette parcelle. Les interactions via un système de ‘chat’ sont évidemment possible.
C’est une aide précieuse les agriculteurs pour prendre de bonne décision et gagner en sérénité. La confiance est au cœur de ce système collaboratif de partage car l’on sait qui créé telle ou telle alerte : la transparence est de mise.
Ce ne sont pas des alertes de déclenchement de traitement, l’application rassemble les observations des utilisateurs sur un territoire donne et signalent l’activité des bio agresseurs. Ils incitent à faire un tour de plaine dans le cas où un ravageur ou une maladie est identifié dans une parcelle voisine.
La météo pour un traitement réussi
4 critères permettent une pulvérisation efficace de produits phytosanitaires.
Le vent
La pulvérisation est interdite (Arrêté du 12/09/2006 relatif à la mise sur le marché et à l’utilisation des produits phytosanitaires) si la vitesse du vent est supérieure à 3 échelle de Beaufort, soit une brise de 12 à 19 km/h. Les feuilles et les petites branches sont constamment en mouvement.
A l’idéal, lors de la pulvérisation, le vent ne doit pas excéder les12 km/h car, dès cette vitesse, une partie significative de la bouillie donc du produit n’atteint pas sa cible à cause de la dérive.
L’hygrométrie
Une pulvérisation faite à plus de 80 % d’humidité assure une bonne efficacité du produit car les cuticules des plantes sont dilatées.
Le traitement est tout à fait cohérent sur une plage allant de 60 % à 80 % d’hygrométrie.
En dessous de 60 % d’hygrométrie l’absorption des produits par les végétaux se fait mal et la bouillie risque de se cristalliser donc l’intervention est à éviter.
La température
Les bonnes conditions météorologiques pour un traitement efficace sont réuni lorsque la température est douce de 8°C à 20 °C voire 25 °C.
Une température inférieur à 8 °C ou supérieur à 25 °C impacte le végétal (cuticule contractée…) et donc rend, d’une manière générale, les produits moins efficaces.
Le point de rosée
En présence de rosée, vous pouvez tapoter la feuille de la plante ciblée :
- Si l’eau ruissèle : la bouillie ruissèlera également.
- Si l’eau ne ruissèle pas : le traitement est possible.
Pour information Une « grosse » rosée (1 mm) qui vous mouille les genoux c’est 10 m3 /ha. Par contre, la rosée redistribue la bouillie si elle n’est pas ruisselante donc elle rendra le traitement plus efficace.
Vous pouvez accéder à une météo agricole professionnelle ici avec le code « agrimeteo »
Cet article puise sa principale source dans le guide « Utiliser de la réflexion à l’application » de Syngenta.
Et vous, quel protocole avez-vous mis en place pour suivre l’état sanitaire de vos cultures ? Sur quoi vous basez-vous pour prendre vos décisions d’intervenir ou non ? Vos commentaires sont les bienvenus.
Crédit photo CC : Nicolas DUPREY