« Je fais 5 passages en 1 lors de mon semis de maïs » Gilles Monin Agriculteur en Côte d’Or
Bonjour et bienvenu dans ce nouveau podcast d’AGRIFIND, je suis Gilles Cavalli et aujourd’hui j’interviewe Gilles Monin agriculteur en Côte d’Or.
Gilles Cavalli : Gilles, peux-tu te présenter et présenter ton exploitation en quelques mots, s’il te plaît ?
Gilles Monin : J’ai 59 ans, je suis agriculteur céréalier en Côte-d’or, dans le Val de Saône. Je me suis installé comme maraîcher en 1983 puis j’ai finalement changé de production en 1992 comme agriculteur céréalier sur 150 hectares.
Gilles Cavalli : Je crois qu’il y a une particularité sur ces 150 hectares, il y a de nombreux îlots, n’est-ce pas ?
Gilles Monin : En effet, mon gros problème c’est le nombre d’îlots. Mon exploitation se trouve dans une zone anciennement destinée au maraîchage, par conséquent les cultures agricoles que je fais aujourd’hui se révèlent être difficiles, morcelées, et dispersées. En tout, je dois gérer près de 100 îlots sur 150 hectares.
Gilles Cavalli : D’ailleurs, sur le volet agricole, quelle est, pour toi, ta réussite en tant qu’agriculteur ? Comment définirais-tu le succès d’un agriculteur ?
Gilles Monin : Selon moi, réussir comme agriculteur c’est avant tout de gagner sa vie en faisant fonctionner son exploitation de manière autonome sans être dirigé par l’environnement qui nous entoure en accord avec ses valeurs tout en conciliant son travail, sa vie familiale et sociale.
Gilles Cavalli : Merci de ce témoignage. Une des motivations que j’avais à t’interviewer aujourd’hui c’est que tu réalises 5 passages en 1 lors du semis de maïs.
Alors, j’ai noté engrais, ameublisseur, rotative, désherbage et bien sûr le semi, le tout fonctionnant avec un système autoguidé. Est-ce que tu peux nous parler un petit plus de cet outil 5 en 1 ? Est-ce qu’il se trouve dans le commerce ?
Gilles Monin : Certains des composants se trouvent dans le commerce puisque pour une bonne partie j’ai fait de l’assemblage et puis pour une autre partie j’ai fait de la construction pour pouvoir faire fonctionner le tout en même temps.
Donc, personnellement, ma problématique comme je l’ai expliqué tout à l’heure c’est mon terrain. Celui-ci étant très dispersé, je ne m’imaginais pas faire 5-6 allers-retours sur une même parcelle, je voulais absolument limiter la perte de temps.
Par ailleurs, une autre problématique c’est que mes parcelles se trouvent près d’une agglomération, par conséquent la circulation sur route est compliquée avec un matériel large et encombrant.
Dernier élément, nous travaillons sur les diminutions d’intrants, en particulier les désherbants.
En un mot, toutes ces problématiques m’ont amené à réfléchir à l’évolution de ma mécanisation, et ce sur plusieurs années. A noter, par ailleurs, que je suis seul à travailler sur l’exploitation.
Gilles Cavalli : Et donc entre le moment où tu t’es dit ce serait bien de combiner les différents passages jusqu’au moment où cet outil 5 en 1 a fonctionné correctement, combien de temps s’est écoulé ?
Gilles Monin : Au moins 5 ans, puisqu’il m’a fallu du temps pour conceptualiser cette machine. A dire vrai, elle est en constante évolution, il y a toujours des réparations à faire.
Pourquoi cela a pris du temps ? Parce que je suis tout seul, les périodes d’essais sont généralement entrecoupées par les périodes de semis de maïs, donc même si la machine n’est pas terminée, il faut malgré tout se dépêcher de semer. Donc on reprend les modifications l’hiver suivant pour évoluer et maximiser les performances de la machine.
Puis il ne faut pas oublier que je suis autodidacte dans ce domaine. Je ne suis absolument pas un concepteur de matériel agricole, même si les idées sont là.
Gilles Cavalli : Pour ceux qui n’ont pas la vidéo sous les yeux est-ce que tu pourrais décrire rapidement ce qu’il y a devant et derrière le tracteur ? Dans quel ordre sont assemblés les outils ?
Gilles Monin : A l’avant du tracteur, il y a une réserve d’engrais starter qui va rejoindre le semoir à l’arrière. Contre le tracteur à l’arrière, il y a l’ameublisseur qui est attelé à une herse rotative et ensuite dessus il y a la distribution de l’engrais qui vient devant. Sous l’ameublisseur est attelé un porte outil qui va supporter une cuve de désherbant. Derrière ce porte outil sur l’outil d’origine j’ai attelé le semoir et sur chaque élément, j’ai rajouté une buse pour faire le désherbage localisé sur le rang de maïs.
Gilles Cavalli : C’est ingénieux ! As-tu un conseil à donner à quelqu’un qui voudrait auto-construire son propre matériel ?
Gilles Monin : Il faut bien réfléchir au départ à ce que l’on va faire cela prend du temps. S’il on construit comme moi sans bureau d’étude, on se retrouve à coupe des bouts, à les assembler ensuite pour les défaire. On doit sans cesse ajuster, refaire, améliorer, et modifier la machine. Et ce processus prend énormément de temps. Donc mon conseil est de bien réfléchir à la conceptualisation de la machine et faire ce que je n’ai pas fait : des plans détaillés.
Gilles Cavalli : Pour terminer cet échange j’aimerais que tu nous parles de ton rêve d’agriculteur.
Gilles Monin : Mon rêve d’agriculteur ? Et bien j’aurais rêvé ne pas avoir une exploitation comme celle que j’ai aujourd’hui en terme de disposition, mais voilà on commence quelque part et puis on n’a pas toujours la possibilité de changer de là où l’on vient, mais pour moi le morcellement c’est dur, j’aurais préféré avec un parcellaire bien remembré comme on en voit de temps en temps, ça me permettrait de pouvoir gagner du temps et de profiter de la vie autrement.
Gilles Cavalli : Merci beaucoup Gilles Monin, assembleur, auto-contructeur de matériel, passages 5 en 1. Je répète le concept innovant de Gilles Monin c’est le semis de maïs couplé avec l’engrais starter, le travail du sol avec l’ameublissement rotatif et du désherbage localisé. Merci beaucoup Gilles pour cet échange.
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