« Mon système d’information me fait gagner un temps fou » Sébastien Cauzit viticulteur dans le Lot
Gilles Cavalli: Bonjour et bienvenue dans ce nouveau podcast d’Agrifind. Je suis avec Sébastien Cauzit viticulteur dans le Lot. Bonjour Sébastien.
Si j’ai choisi de t’interviewer c’est parce que tu as mis en place un système d’information performant pour gérer les aspects techniques et économiques sur ton domaine. Mais premièrement, j’aimerai que tu puisses te présenter et présenter la structure dans laquelle tu travailles.
Sébastien Cauzit : Je suis viticulteur depuis deux ans en GAEC avec mes parents au sein de la coopérative du vin de Cahors Côte d’Olt, qui elle-même est au sein d’un groupe de coopérative Vinovalie.
Auparavant, j’ai eu une carrière de consultant indépendant en informatique, en système d’information en général au niveau des entreprises. Je continue mon activité d’indépendant mais 80-90% de mon temps actuellement est consacré à la viticulture.
Gilles Cavalli: Et pout toi, en tant que nouvel installé en tant que viticulteur, la réussite d’un viticulteur, d’un agriculteur comment traduit-elle, qu’est-ce que c’est ?
Sébastien Cauzit : Je pense qu’elle ne diffère pas tant que cela d’un autre corps de métier. Pour moi, les 3 critères de réussite ce sont faire ce qu’il nous plait de la façon qu’il nous plait, en vivre financièrement et réussir notre vie personnelle.
Gilles Cavalli: Concernant la spécificité et les outils que tu as pu mettre en place basés sur ton expérience professionnelle précédente, est ce que tu peux un petit peu décrire le système et en quoi cela t’as servi lors d’un récent contrôle ?
« Mes données sont accessibles facilement sur différents supports »
Sébastien Cauzit : De part mon expérience en informatique et de mon organisation lié à mon passé de à la fois commercial mais aussi chef de ma petite entreprise de consulting, j’ai continué à conserver cette organisation de données, on va dire, administratives afin qu’elles soient accessibles sur mon téléphone, sur mon ordinateur. Donc faire en sorte que mes données soient accessibles facilement partout et que si je change d’ordinateur de smartphone ou autre je n’ai pas à tout ressaisir, demander à mes contacts de me renvoyer leurs numéros, etc… Donc de ne pas perdre de données et surtout qu’elles soient accessibles rapidement et facilement.
Qu’est-ce que j’appelle données ? Il y a les données de travail et donc tout ce qui est en terme de viticulture : traitement phytosanitaire, le temps passé à réaliser les taches, le document unique pour le jour où on aura des salariés et l’historique des opérations de maintenance qu’elles soient correctives ou préventives, je prends souvent des notes et là j’ai pris exemple sur mon père qui note tout sur papier/crayon, je le fais de manière informatique mais il note tout sur papier/crayon, des opérations de maintenance sur les tracteurs, des voitures, des engins agricoles.
Ensuite les données de travail, ce sont mes emails et mes fichiers de travail donc les emails que j’échange avec les divers partenaires que ce soit la coopérative ou les administrations de type Chambre d’Agriculture, DDT, etc…les impôts, les douanes, enfin ils sont nombreux donc c’est pour cela qu’il y a beaucoup d’emails échangés, de fichiers échangés. Donc je m’impose une rigueur, c’est de scanner chaque fois que je reçois un courrier postal où il y a une information qui pourrait me servir un jour peut-être. J’ai cette rigueur là c’est de scanner et de les ranger dans mon arborescence de fichiers.
Enfin le dernier point, c’est que cette organisation est faite avec des choix de logiciels et de technologie qui me permettent de changer d’outils sans crainte. C’est-à-dire que je peux changer de téléphone portable et en quelques minutes mon nouveau téléphone portable aura toutes ces informations à jour. Je n’ai pas besoin de ressaisir tous mes contacts. Je peux changer d’ordinateur portable ou d’ordinateur fixe, j’aurai mes informations donc j’ai la liberté de changer mes outils et j’ai un exemple que je peux citer sans donner trop de détails pour ne pas mettre en porte-à-faux la personne qui a réalisé ce contrôle récemment.
« Sans mon organisation j’aurais passé au moins 2 fois plus de temps pour répondre aux exigences d’un contrôle »
Donc j’ai eu un contrôle administratif à l’exploitation. Donc à l’exploitation ce qui diffère de mon domicile personnel de 5 kilomètres. Avant le contrôle j’ai reçu un courrier où il m’était indiqué une liste de documents à présenter et la personne qui est venue me contrôler avait en tête d’autres documents à me demander sauf que je ne les avais pas à l’exploitation, au siège de l’exploitation, mais à mon domicile personnel et du fait que je scanne tout, enfin tout entre guillemets, j’ai pu lui présenter depuis l’ordinateur de mes parents les documents qu’elle me demandait et cela répondait à sa demande. A un moment’ il y a eu un petit point critique où il y avait un doute sur le fait que je sois en règle ou pas. J’ai montré un email que j’avais conservé, que j’avais échangé avec une personne de l’administration, de la chambre d’agriculture et donc vu la réponse de la personne de la Chambre d’Agriculture, la personne qui a réalisé le contrôle a dit : « effectivement je comprends que vous ayez réalisé cet investissement alors que ce n’était pas forcement prévu, vu la réponse de la personne de la Chambre d’Agriculture cela rentre dans le cadre règlementaire » donc la personne qui a réalisé le contrôle n’a pas donné suite à ce point-là qui était finalement un détail mais le contrôle a duré 2 heures et demi environ. Sans mon organisation, j’aurais soit pris une remarque dans le contrôle soit le contrôle aurait peut-être duré 2 heures de plus. Donc je pense avoir gagné 2 heures et des allers-retours administratifs.
Gilles Cavalli: Un exemple qui illustre bien effectivement l’intérêt de cette organisation et de ces outils. Un viticulteur qui souhaiterait aller vers cela, quels conseils pourrait-on lui donner ?
Sébastien Cauzit : Ce que je peux conseiller, c’est déjà de se dire que c’est faisable, même pour quelqu’un qui n’a pas le passé en informatique dont je peux profiter et c’est faisable en trois étapes qui sont des paliers progressifs pour un agriculteur qui souhaiterait bénéficier de cette organisation.
La première étape, pour moi, c’est de bien choisir son téléphone portable, son smartphone. On a le choix entre BlackBerry, Android, IPhone. J’utilise un Android, cela me permet de réaliser tout ce que j’ai cité précédemment. Toujours dans le premier point, c’est de paramétrer son smartphone et son ordinateur pour que les emails, les agendas, les carnets d’adresses soient synchronisés. Donc soit on y arrive tout seul, soit on se fait aider en suivant un tutoriel sur Internet, soit on se fait aider par un professionnel. Et donc toujours dans le premier palier, pour moi, c’est d’avoir une rigueur dans le rangement des fichiers.
Ensuite, dans le deuxième palier, j’identifie une notion technique qui depuis 5 à 10 ans est sortie au niveau grand public, c’est de choisir une solution de Cloud. Alors le Cloud, cela permet de mettre ces fichiers sur un espace sécurisé sur Internet pour pouvoir y accéder facilement depuis n’importe quel autre ordinateur.
La dernière étape, qui est pour moi celle que j’ai atteint du fait de mon expérience dans l’informatique, c’est de disposer de logiciels de gestion et que le logiciel que l’on choisit puisse permettre de réaliser le maximum de fonctions. Pour aller dans le concret, aujourd’hui un viticulteur a un logiciel qui est proposé pour saisir ses traitements phytosanitaires. On a un autre logiciel qui nous est proposé pour réaliser le document unique. Ensuite les administrations de type douanes, FranceAgriMer fournissent des services en ligne pour les procedures de plantation, d’arrachage de vigne et de déclaration de récolte, etc… Donc le dernier palier que j’identifie, c’est de choisir soit même le logiciel qui permettra au maximum de regrouper ces services. Alors, à titre personnel, parce que j’ai un passé en Informatique, mais j’aurais pu faire appel à un prestataire et utiliser un logiciel qui existe, qu’il soit en vente ou en location sur Internet, j’utilise le même logiciel pour ma comptabilité, la saisie de mes traitements phytosanitaires, la réalisation du document unique, le suivi des stocks, etc… En informatique et en entreprise en général, on appelle cela un ERP. Je me suis développé moi-même mon logiciel de gestion mais d’autres viticulteurs peuvent choisir d’autres solutions du commerce sans forcément faire appel à la mienne ou sans forcément développer la leur par eux-mêmes ou par un prestataire, un développeur.
Gilles Cavalli: Une dernière question pour conclure. J’ai envie de dire en tant que jeune installé mais en tant que agriculteur-viticulteur, ton rêve d’agriculteur quel est-il ?
Sébastien Cauzit : Mon rêve pour la profession et le monde agricole en général, c’est que les agriculteurs arrivent à atteindre les 3 points de réussite que j’ai cité au début : faire ce que l’on veut comme on le veut, en vivre financièrement et réussir sa vie sociale.
Au niveau personnel, j’aimerai à arriver à dégager du temps par l’élimination ou la sous-traitance de tâches, alors des tâches que l’on dit à faible valeur ajoutée mais j’ai beaucoup de respect pour les gens à qui je ferai appel pour ces tâches-là. Dégager du temps, pour chercher soit à innover en concevant du matériel, en éventuellement en allant à des salons pour voir les innovations techniques, ou soit revenir à des pratiques qui respectent un petit peu plus la nature, qui correspondent un peu à une époque où l’on prenait plus le temps d’écouter ou d’observer la nature. A titre personnel, j’aimerai pouvoir consacrer et je compte bien consacrer du temps à un mixe entre agroforesterie et viticulture. Mon rêve se serait d’arriver à dégager du temps grâce à l’optimisation de mon organisation pour arriver à avoir des pratiques qui respectent un peu plus l’environnement et qui correspondent à la prise de temps pour observer la nature.
Gilles Cavalli: Merci beaucoup Sébastien Cauzit. Donc je rappelle viticulteur installé dans le Lot. Pour te joindre il suffit de taper http://www.cauzit.fr/ pour rentrer en contact avec toi. C’était Gilles Cavalli, une nouvelle interview pour le blog d’Agrifind.
Si vous avez apprécié cette interview n’hésitez pas à la diffuser autour de vous sur les réseaux sociaux et à très bientôt pour un nouvel échange avec un agriculteur, un viticulteur. Au revoir à tous.
Pour développer vos compétences: Accédez ici à la plateforme Agrifind
Crédit photo CC : Dominique Garcin-Geoffroy
Et vous, où en êtes-vous de votre système d’information ? Vous pouvez témoigner de votre expérience dans les commentaires ci-dessous.