Outil d’évaluation du risque en adventices vivaces en ligne / ODERA-VIVACES
ODERA-VIVACES (Outil d’Evaluation du Risque en Adventices Vivaces) permet d’évaluer en 5 minutes la pression en adventices vivaces dans son système de culture. Il est une aide aux agriculteurs et leurs conseillers pour mettre au point leurs propres stratégies de gestion agronomique des adventices vivaces.
Interview d’Elise Favrelière d’Agro Transfert RT.
Gilles Cavalli : Comment l’idée de cet outil a-t-elle émergé ?
Elise Favrelière : Dans un premier temps, une synthèse bibliographique a été réalisée sur la biologie et les moyens de gestion des principales espèces vivaces présentes en Hauts-de-France (chardon des champs, chiendent rampant, laiteron des champs, rumex crépu et à feuilles obtuses). Ce travail bibliographique a abouti à la rédaction de fiches techniques (fiches-vivaces).
La synthèse bibliographique a mis en avant la nécessité de combiner les différents leviers de gestion du chardon dans un système de culture pour parvenir à maîtriser cette adventice. Or, le système de culture est une échelle difficile à appréhender par les agriculteurs.
Dans le cadre du projet Agri-Bio, il a donc été décidé d’élaborer d’un outil d’aide à la décision, dans la même démarche que l’outil OdERA-Systèmes spécifique aux adventices annuelles. L’objectif est d’aider à appréhender des leviers de gestion du chardon et d’amener à raisonner sa gestion à l’échelle du système de culture. Par ailleurs, cet outil étant travaillé dans le cadre d’un projet régional, il a été conçu pour être adapté aux systèmes de culture biologiques de la région Hauts-de-France.
Gilles Cavalli : Combien de temps avez-vous mis pour le mettre au point ?
Elise Favrelière : L’élaboration d’OdERA-Vivaces s’est échelonnée sur 3 ans, temps nécessaire pour formaliser les connaissances acquises via la bibliographie, les échanges avec Alain Rodriguez (ACTA, expertise sur la gestion des adventices), les conseillers techniques AB régionaux (groupe d’experts) et les agriculteurs du réseau Agri-Bio. L’acquisition de données chez les agriculteurs de la région a également été nécessaire pour calibrer l’outil, puis le tester.
Gilles Cavalli : Pourquoi avoir mis l’accent sur le chardon des champs ?
Elise Favrelière : En début de projet, une étude a été réalisée pour connaître les principaux freins au développement de systèmes de grande culture biologiques en Hauts-de-France. Les agriculteurs interrogés ont principalement exprimé un besoin de références techniques, sur la gestion de l’azote et la maîtrise des adventices, et en particulier des adventices vivaces.
Le travail sur les adventices vivaces s’est rapidement orienté sur la maîtrise du chardon, car cette adventice est la principale préoccupation des agriculteurs biologiques.
Gilles Cavalli : Qu’est-ce qu’un agriculteur qui l’utilise et suit les conseils qui proviennent de l’outil peut espérer ?
Elise Favrelière : L’outil est simple d’utilisation : il s’agit de renseigner via 6 menus déroulant les pratiques mobilisées dans le système de culture (implantation de cultures fourragères pluriannuelles, labour, déchaumages répétés, implantation de cultures binées ou de cultures légumières). De ce fait, l’utilisateur peut faire rapidement un diagnostic de son système de culture initial. L’outil permet ensuite de modifier ce système et de visualiser en quelques clics l’impact de changements sur la maîtrise du chardon.
La suite du travail pour l’agriculteur va être de mettre en place les pratiques permettant de mieux gérer le chardon sur son exploitation, notamment avec l’aide de son conseiller. Un agriculteur qui met en œuvre des pratiques de gestion du chardon plus efficaces peut espérer une diminution de cette adventice à l’échelle du système de culture, c’est-à-dire au terme d’une rotation de cultures complète. En fonction du niveau d’efficacité des pratiques choisies par l’agriculteur, les améliorations potentielles peuvent s’observer dans un temps plus ou moins long.
Gilles Cavalli : Quelles sont les pratiques les plus adaptées pour lutter contre le chardon ? A l’idéal que faudrait-il faire ?
Elise Favrelière : Les observations en région Hauts-de-France et l’expertise régionale mettent en évidence que la présence d’une culture fourragère pluriannuelle (luzerne, prairies temporaires) est le levier le plus impactant sur la pression en chardon. La réalisation de déchaumages répétés d’été et l’implantation de légumes sarclés de manière répétés (type chicorée) ont un effet intermédiaire équivalent. Les binages (hors cultures légumières) et le labour ont un effet moindre.
Cependant, la seule implantation d’une luzerne n’est pas suffisante pour maîtriser le chardon. D’après des enquêtes réalisées auprès d’agriculteurs biologiques en région Hauts-de-France, le chardon réapparaît généralement 3 ans après la destruction de la luzerne.
Pour une maîtrise optimale du chardon, il est nécessaire de combiner différents leviers dans le système de culture.
Des clés d’optimisation de ces leviers sont donnés dans les fiches techniques sur la gestion des vivaces, complémentaires à l’outil.
Précision importante : dans OdERA-Vivaces, l’efficacité des pratiques a été déterminée sur la base de ce qui est observé en région Hauts-de-France. Des différences d’efficacité peuvent s’observer entre les régions, en lien avec les variations conditions pédoclimatiques. Des pratiques de gestion du chardon non renseignées dans l’outil peuvent également être disponibles dans d’autres régions.
Gilles CAVALLI : Pour conclure dans quel contexte s’insère le projet OdERA-Vivaces ?
Elise Favrlière : Le projet participatif « Agri-Bio : de la connaissance à la performance » (Agri-Bio) a été monté par Agro-Transfert Ressources et Territoires en 2013, en réponse au faible développement de l’Agriculture Biologique en région Hauts-de-France et au manque de connaissances sur les systèmes de grande culture biologiques. Ce projet est mené en partenariat avec l’INRA, les Chambres d’agriculture de la région Hauts-de-France, l’Agriculture Biologique en Picardie (ABP), le Groupement des Agriculteurs Biologiques du Nord-Pas de Calais (GABNOR) et en lien avec un réseau de 16 agriculteurs biologiques. Son objectif est de favoriser les conversions à l’AB dans les systèmes de grandes cultures de la région en fournissant des références technico-économiques.
Pour plus d’informations : http://www.agro-transfert-rt.org/outils/odera-vivaces/