Santé – sécurité dans le monde agricole : quelles pistes d’actions ?
Quel est votre principal outil de travail ? A cette question posée à des agriculteurs : les réponses fusent : « tracteur, machine à traite, déssileuse, sécateur, pulvérisateur,… »
Mais lorsque l’on se penche sur le sujet : tous ces outils aussi perfectionnés soient-ils ne feront rien si personne ne s’en sert de façon intelligente et efficace ! Alors, quelle est à nous tous, notre principal outil de travail ? C’est bien entendu notre corps et notre capacité à prendre les bonnes décisions.
Malheureusement en agriculture les chiffres des accidents du travail sont mauvais pour ne pas dire très mauvais si on les compare à d’autres secteurs d’activité en France. (Voir les statistiques de la MSA à la fin de cet article). La santé, sécurité dans le monde agricole n’est, semble t’il, pas une priorité de la profession…
Préserver son « intégrité physique », sa santé c’est préserver sa capacité à travailler : c’est important pour tous et particulièrement pour l’agriculture où la valeur travail est très forte. D’un point de vue strictement matériel, c’est préserver son revenu car pour tous les indépendants cotisant au RSI (professions libérales, artisans et commerçants…) ou à la MSA : ne plus travailler signifie ne plus gagner d’argent ! En cas d’accident, même si vous êtes bien couvert, on a jamais vu un chèque d’un assureur (au demeurant indispensable) traire les vaches, semer le colza ou tailler la vigne…
La loi oblige l’employeur à assurer des conditions de travail sécuritaire à ses salariés mais elle n’oblige pas le chef d’exploitation à s’auto-imposer des mesures pour lui-même. Cela fait partie des nombreuses caractéristiques de statut de « patron ».
Focus : les équipements de protections collectives (EPC) sont toujours à privilégier aux équipements de protection individuelle (EPI) tels que les bottes agricoles, combinaisons, masques, gants…. Et du matériel agricole en bon état de fonctionnement, bien entretenu, respectant les mesures de sécurité est une base de la sécurité au travail.
Maintenant que le décor est planté : quelles sont les pistes d’actions pour une meilleure santé – sécurité dans le monde agricole ?
1er axe : l’attitude de l’agriculteur au travail
Suis-je concentré, mon regard est-il porté vers la tâche que j’effectue, mes appuis sont-ils stable, mes déplacements sans risque ? Ce sont autant d’élément, qui s’ils sont mis en œuvre éviteront les accidents. Pas évident à appliquer me direz-vous : penchons-nous sur les habitudes.
2ième axe : les habitudes de l’agriculteur sur son exploitation
Suis-je fatigué, énervé ou sous le coup d’une émotion forte, pressé par le temps ou encore trop sûr de moi ? La routine et la méconnaissance du risque sont deux autres points favorisant les accidents.
L’habitude de travailler dans une ou plusieurs de ces conditions augmente le risque d’accident. Le côté positif est que l’on peut choisir de les influencer pour basculer sur des habitudes de travail en toute sécurité.
3ième axe : l’environnement de travail sur une exploitation agricole
Suis-je bien organisé dans mon travail ? Mes relations personnelles et celles que j’entretiens avec d’autres professionnels me mettent-elles dans de bonnes conditions ? Le matériel dont je dispose me permet-il de travailler en toute sécurité ?
Chacun pour agir à sa mesure sur les points précédents peut s’interroger : Quelles sont les conséquences plausibles de ce que je suis en train de faire ? et Quel est mon intérêt de le faire maintenant dans ces conditions ?
Si le risque est supérieur au bénéfice : il s’agit de trouver une autre façon de faire de façon à éviter l’accident et pouvoir travailler le lendemain matin.
Santé – sécurité dans le monde agricole : Informations tirées des études MSA de mars 2016 sur les accidents mortels en France
Entre 2012 et 2014, en France métropolitaine, 295 décès de non-salariés agricoles, sont reconnus comme faisant suite à un accident du travail, un accident de trajet ou une maladie professionnelle, soit une moyenne annuelle de 98 décès.
Entre 84 et 118 décès sont enregistrés chaque année, ils concernent en grande majorité les chefs d’exploitation masculins et plus de quatre accidents du travail mortels sur dix concernent les éleveurs de bovins. Enfin un tiers des accidents du travail mortels est imputable à un contact avec une machine, un matériel agricole ou un outil motorisé
- Source étude MSA mars 2016 « Les décès des salariés agricoles à la suite d’un accident du travail, de trajet ou d’une maladie professionnelle en 2012, 2013 et 2014 »
De 2012 à 2014, en France métropolitaine, 262 décès de salariés agricoles, sont reconnus comme faisant suite à un accident du travail, un accident de trajet ou une maladie professionnelle, soit une moyenne annuelle de 87 décès.
Neuf victimes sur dix sont des hommes et un cinquième des décès d’un accident du travail ou de trajet concernent les nouveaux embauchés depuis moins d’un mois. Un tiers des décès sont des accidents de la circulation. Six accidents du travail sur dix ont pour origine l’utilisation d’une machine ou un accident cardio-vasculaire.
- Source Etude MSA de mars 2016 « Les décès des non-salariés agricoles à la suite d’un accident du travail, de trajet ou d’une maladie professionnelle en 2012, 2013 et 2014 »
Et vous, avez-vous déjà été victime d’un accident de travail ? Comment aurait-il pu être évité ? Avez-vous changé quelques choses depuis ? Vous pouvez témoigner de votre expérience dans les commentaires ci-dessous.
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Crédit photo CC : Pierre Marcel