Vendanges manuelles ou mécaniques ?
Les vendanges manuelles sont-elles en passe de disparaître au profit des vendanges mécaniques ?
Nombre de viticulteurs se demandent certainement une fois de plus s’ils font le bon choix de continuer à pratiquer la vendange manuelle au lieu d’investir dans une machine à vendanger.
Il n’y a pas moins de 750.000 hectares de vignobles en France, présents sur les deux tiers de nos départements avec les spécificités régionales que l’on connaît. Sur cette superficie totale réservée à la viticulture, l’on estime entre 30% et 40% la part des vendanges manuelles ; à l’échelle mondiale, c’est à peine plus de 10 % des baies qui sont encore vendangées à la main.
Quelles différences entre vendanges manuelles mécaniques ?
Une fois le temps des vendanges venus, deux solutions s’offrent aux vignerons : ramasser la vigne manuellement avec l’aide de saisonniers ou le faire mécaniquement notamment grâce à des machines agricoles.
Vendange manuelle :
La vendange manuelle est un processus assez long et demandant un effort physique certain de la part des saisonniers qui récoltent les grappes une à une. Les deux arguments principaux avancés par les défenseurs des vendanges manuelles sont : le tri préalable des grappes lors de la récolte ainsi que la protection des vignes.
Le coût de la vendange manuelle est quant à lui souvent plus élevé du fait de la main d’œuvre requise et du temps investi à récolter. De surcroît, le facteur humain peut devenir source de conflits compte tenu des équipes importantes que les vendanges manuelles requièrent.
A noter qu’encore aujourd’hui les vins de qualité supérieure proviennent presque toujours de raisins cueillis à la main et que certaines régions viticoles sont soumises à des contraintes de cahier des charges rendant la vendange manuelle obligatoire comme c’est le cas en Champagne ou dans le Beaujolais par exemple.
Vendange mécanique :
La vendange mécanique n’est possible que si le vignoble le permet : pas de forte pente ou dévers, rangs aux bons écartement, taille du pied de vigne adapté, …. Elle utilise des machines qui font chuter le raisin sur un tapis mobile à l’aide de batteurs et un système de ventilation écarte le plus gros des feuilles. Le principal avantage de cette technique est le gain de temps.
On entend souvent dire que la vendange à la main (dite manuelle) est un gage de qualité pour le futur vin. Cela signifierait-il qu’aucun vin de qualité supérieure ne provient de récoltes à la machine ? Pas vraiment. La technique de vendange utilisée a peu d’influence sur la qualité du vin. Cependant une vendange mécanique aura tout de même tendance à légèrement endommager les vignes. Néanmoins, les économies effectuées grâce aux vendanges mécaniques peuvent également être réinvesties dans l’exploitation, en adoptant par exemple de nouvelles méthodes de vinification plus coûteuses, qui permettront d’améliorer la qualité du vin.
Faire son choix :
Le choix de la méthode de ramassage des baies s’effectue principalement selon des raisons purement techniques et de coût de production, donc de la rentabilité de l’investissement en matériel.
En effet, les raisins sont différents selon les régions et chaque cépage possède des attributs bien spécifiques qui en font des cultures pouvant être cueillies ou non par une machine.
La résistance du raisin est l’un de ces facteurs de décision. Certains cépages dits délicats produisent des raisins trop fragiles qui ne pourront supporter un ramassage à la machine, tandis que ceux se détachant plus facilement de leur rafle et ayant une peau plus épaisse seront plus susceptibles de l’être.
Par ailleurs, des vignobles difficiles à travailler rendent impossible l’accès ou l’utilisation de ces machines à vendange, c’est le cas notamment pour les cultures en coteaux à terrasses escarpées que l’on peut admirer dans la Vallée du Rhône.
Enfin, l’acquisition d’une machine à vendanger nécessite un réel calcul de l’équilibre entre risque et opportunité. Choisir entre une machine à vendanger et une main d’œuvre abondante peut parfois être un dilemme pour les vignerons ayant la possibilité d’utiliser les deux méthodes. La machinerie agricole est un investissement conséquent qui peut cependant être amorti rapidement.
Certains viticulteurs continuent d’utiliser cette technique traditionnelle de la vendange manuelle par pure conviction. Il est vrai que les vendanges font partie du patrimoine national et européen, elles relèvent d’un savoir-faire et d’une culture propre à ces régions productrices de vin. Beaucoup de français vous affirmerons que la pénibilité des vendanges manuelles ne leur fera jamais oublier cette atmosphère de convivialité qui règne pendant ces périodes. Ce sont en effet des temps de rencontre et de retrouvailles pour bon nombre de vendangeurs.
Faciliter la vendange manuelle grâce aux robots : un bon compromis ?
La vendange manuelle est par conséquent adaptable à tous les types de cépages et de vignobles tandis que la vendange mécanique dépend de la particularité du terroir pour pouvoir devenir un procédé utilisé et rentable.
La fourniture agricole est nécessaire à la vendange manuelle ; tout vendangeur dispose d’un sécateur (ou d’une serpette) pour couper, de sceaux (ou paniers) pour y déposer les grappes et les porteurs de s’équiper de hottes pour transporter les grappes jusqu’à la benne à vendange.
Des triporteurs à grosses roues peuvent être utilisés lorsque les allées sont praticables. Dans le souci de faciliter les vendanges manuelles, des progrès sont effectués dans le domaine de la robotisation. Un certain nombre d’acteurs effectuant de la recherche technologique, principalement pour les secteurs des services et de la logistique, proposent des robots porteurs de charge. Les principales fonctionnalités et avantages de ces robots sont leur autonomie, leur système de navigation intégré, leur capacité à éviter les obstacles et s’arrêter en urgence, ainsi que le système de suivi de personne. Ces robots sont bien sûr principalement conçus et utilisés par des entreprises de logistique, dans les entrepôts notamment, mais certaines gammes de robots sont adaptées aux tâches en extérieur, avec de plus grosses roues tout terrain qui permettent donc de se déplacer dans les allées des vignobles. C’est par exemple le cas du Cargobot MULE qui possède la capacité de transporter ou bien de remorquer de lourdes charges (jusqu’à 350 kg de charge utile et tracter une remorque jusqu’à 700kg). De nombreuses fonctions correspondent parfaitement au travail des vendangeurs comme la navigation autonome ou le téléguidage par radio, et celle de retour au point de chargement. La plus adaptée au travail dans les vignes est la fonction du « suivi de personne » qui permet à l’utilisateur d’être accompagné automatiquement par le robot, sans avoir à le guider manuellement. Ce système soulage les vendangeurs de la tâche la plus éreintante de cette activité qui consiste à transporter le raisin au bord de la parcelle dans des sceaux, des paniers, des caisses ou des hôtes. L’enjeu de ces robots est par conséquent de diminuer la pénibilité du travail des vendangeurs.
Néanmoins, l’utilisation de ces nouvelles technologies robotisées reste encore à son balbutiement dans le milieu viticole étant donné le coût de ces machines et la difficulté pour eux à évoluer dans des allées de vignobles accidentées ou peu praticables. Ces robots gagneront en popularité et seront commercialisés à plus grande échelle lorsque leur rentabilité, en termes de prix par rapport à la capacité de travail, sera avérée et reconnue par les vignerons. La plupart de ces robots sont actuellement en phase de test à des fins d’améliorations et utilisés par des partenaires privilégiés de ces entreprises robotiques. Il n’en reste pas moins une technologie en pleine ascension et qui sera sûrement amenée à évoluer dans le milieu viticole ces prochaines années.
Par ailleurs, la robotique en viticulture connait un essor sans pareille et l’on voit apparaître des robots qui s’appliquent à toute sorte de tâche bien spécifique. Ils peuvent être employés dans des opérations de taille des vignes, de récolte de données, entretien du sol (tonte, binage, pulvérisation de désherbant par détection) ou encore d’aide à la récolte.
Sources :
https://www.vignevin-occitanie.com/fiches-pratiques/la-robotique-en-viticulture/